CONTREFEUX ET DOUBLE LANGAGE

REPLÂTRAGE P.G.E.-COMPATIBLE OU RECONSTRUCTION FRANCHEMENT COMMUNISTE ? RETROUVER LE NORD A L’HEURE DES CHOIX. 

Par Georges Gastaud, secrétaire départemental du PRCF-62, ancien membre du comité départemental du PCF, ancien premier secrétaire de la section de Lens du PCF, pas encore « PCF-PGE »

FAUSSE BRAVADE OPPOSITIONNELLE 

Certains camarades se réclamant du marxisme-léninisme ont cru bon dernièrement de saluer un faux exploit oppositionnel : en effet, dans l’appareil intermédiaire du PCF-PGE depuis longtemps ancré, hélas, dans le social-impérialisme euro-atlantiste*, certains ténors départementaux désireux de rassurer leur base, surtout à la JC, et de se garder « à gauche » à l’approche d’un congrès, « assurent leurs arrières » et adoptent tactiquement une posture platoniquement otano-critique. Ces apparatchiks spécialistes du double langage (marxistes en paroles, mais soudés au PS dans la gestion des institutions locales et régionales) affichent ce type de posture « de gauche » à usage interne sans prendre aucun risque personnel (depuis qu’il a largué, entre mille autres choses, le centralisme démocratique, le PCF-PGE est une auberge espagnole dénué de discipline interne) et en un moment où ces figures de proue du PCF-PGE que sont MM. Roussel et Chassaigne, respectivement secrétaire national du parti et président de son groupe parlementaire, achèvent ouvertement et définitivement de changer de camp dans la lutte des classes nationale et internationale:  en effet, ces dignitaires du PCF-PGE ont voté, à l’unisson de leur groupe parlementaire et des députés « socialistes » et « écolo » (LFI s’étant abstenue, et un de ses députés ayant même eu le courage de voter contre), l’infâme résolution du 30 novembre 2022; comme on le sait, cette résolution belliciste exhorte Macron à livrer encore plus d’armes au régime atlantiste et pronazi qui a fait main basse sur l’Ukraine depuis « Maïdan », et qui depuis lors, a tué 14 000 personnes dans le Donbass avant 2021, puis interdit le PC et la JC d’Ukraine tout en liquidant le Code du travail. Voilà où en est désormais le « parti révolutionnaire » que prétend être le PCF-PGE, cette béquille « gauche » de l’union sacrée macroniste dans la guerre que mène, par jeunesse ukrainienne interposée, l’UE-OTAN à l’encontre de la Fédération de Russie et, à travers elle et par anticipation, contre la Chine populaire…

CRITIQUER FRONTALEMENT LA DERIVE SOCIAL-IMPERIALISTE DU P.C.F.-P.G.E. OU LA BANALISER? 

Certes, le fait que certains apparatchiks ch’tis, qui savent jouer des tropismes de classe (très émoussés du reste) qui subsistent dans leur fédé jadis opposante, rouge et euro-critique, soient amenés à prendre leurs distances avec la direction atlantico-ralliée du PCF-PGE, est un symptôme réjouissant du fait que dans certains secteurs, certes très minoritaires, de la base du PCF-PGE, et surtout, de la JC, la sensibilité anti-impérialiste, n’a pas totalement disparu malgré les 44 années (au moins) de dérive anti-léniniste, euro-complaisante et antisoviétique empilées par le PCF-PGE actuel*. Le hic, c’est que cette prudence tactique, pour ne pas dire cette rouerie politicienne, ne fait pas le poids, d’un point de vue léniniste, face au seuil qualitatif gravissime qu’a impudemment franchi le 30 novembre dernier le PCF-PGE en matière de ralliement social-belliciste: un ralliement qui ne le cède pas en dangerosité extrême pour les peuples à celui dont se rendirent coupables les députés de la SFIO (France) et du SPD (Allemagne) quand ils votèrent quasi unanimement (hormis Liebknecht, qui fut emprisonné, et Jaurès, qui fut opportunément assassiné) en août 14 les crédits de guerre réclamés par les gouvernements impérialistes allemands et français fauteurs de guerre mondiale : en effet, ces prises de distances trop polies pour être honnêtes ne vaudraient véritablement que si…

NOMMER UN CHAT UN CHAT!                                

…1°) elles étaient accompagnées d’une dénonciation nominative, devant les masses prises à témoin, des chefs de file de la social-trahison, notamment de MM. Roussel et Chassaigne, et non d’un discours feutré, à usage purement interne et uniquement destiné à « calmer le jeu le temps d’un congrès ». Car de telles prises de distance en catimini, les masses populaires ne percevront pas le premier mot vu qu’on n’est pas prêt de lire le moindre tract PCF dénonçant le vote des parlementaires « communistes » auprès des ouvriers du Nord-Pas-de-Calais. A l’inverse de ce comportement empreint de duplicité (critique de portée purement locale à l’adresse d’une partie de la base militante jeune, absence de distanciation nationale et d’action sur le terrain face à l’UE-OTAN), l’auteur de ces lignes, alors premier secrétaire de la section de Lens du PCF pas encore PGE, à l’instar de ses camarades boulonnais ou liévinois d’alors, osait clairement dénoncer publiquement (par le biais du journal communiste lensois L’Incorruptible) la participation sans principe des « communistes » Gayssot, Buffet et autre Michelle Demessine (dont Roussel était déjà un responsable de cabinet quand elle était ministre…) au lamentable gouvernement Jospin de 1997 à 2002. Un gouvernement « de gauche » qui aida l’OTAN (déjà!) à bombarder la Yougoslavie, qui privatisa à tour de bras le secteur public, et qui mit en place la monnaie unique européenne, ce dispositif continental d’austérité à l’encontre des salaires et des services publics, sans que les pseudo ministres « communistes » n’aient cru bon de démissionner de ce gouvernement. Le résultat on le connaît, c’est l’écroulement du PCF aux présidentielles de 2002 avec Le Pen au second tour !

DES MUNICIPALITES ROUGES AUX MUNICIPALITES JAUNES ET BLEUES…

… 2°) elles étaient suivies d’une « explication » avec les municipalités d’ « union de la gauche » PS-PC qui, par ex. à Lens ou à Sallaumines (où le PCF-PGE détient le poste de maire) qui arborent le drapeau jaune et bleu de l’Ukraine et qui participent au conditionnement belliciste et russophobe de la population. Est-ce ainsi que, au PCF-PGE, l’on célèbre le 80ème anniversaire prochain de la victoire de Stalingrad qui brisa la machine de guerre nazie, qui mit fin à la première Europe allemande de l’histoire et qui permit indirectement, en 1945, la Libération de la France et la mise en oeuvre par les ministres franchement communistes et léninistes de 1945, les Thorez, Croizat, Paul, Tillon et Billoux des avancées sociales esquissées par le programme Les Jours heureux adopté par le CNR ?

3°) elles donnaient lieu à des ACTIONS de terrain, manifs, affichages massifs, adresses aux travailleurs des usines et des chantiers, pour leur faire saisir le lien entre l’inflation et la guerre, et pour que monte des poitrines ouvrières le cri « l’argent pour les salaires, pas pour la guerre! » (cf les affiches actuelles du PRCF, lequel ne dispose d’aucun subside d’Etat, ni d’aucun financement européen, lui!) et « plus un sou pour l’OTAN, la retraite à 60 ans! ».

Faute de dire et de faire cela, ces prises de distance en papier-journal et « à la cantonade » ne risquent pas d’effrayer Roussel, Chassaigne ni, du reste, Emmanuel Macron pour lequel tous ces « communistes » nationaux et départementaux ont appelé à voter au second tour de la présidentielle, Roussel n’excluant même pas clairement de participer à ses côtés à un « gouvernement d’union nationale ». Au contraire, ces minauderies politiques servent seulement à « ratisser large », à « se couvrir à gauche », les uns applaudissant à Paris le bandériste Zelensky et arborant veulement le drapeau jaune et bleu de la guerre atlantico-bandériste, pendant qu’à Lille ou qu’à Lens, le léninisme de parade continue d’arborer la faucille et le marteau pour faire croire aux camarades du crû que « le parti n’a pas tant changé que ça »… Duplicité. Double langage. Géométrie variable, « Je suis oiseau, voyez mes ailes / Je suis souris, vivent les rats », comme La Fontaine le fait dire à une chauve-souris de son invention. Car le problème est moins de combattre la guerre, ce qui nécessité du courage politique, le problème est de trouver le moyen tout à la fois de fixer les jeunes militants bien utiles quand il s’agit de mener des campagnes électorales et de sauver les bonnes petites places juteuses et nourricières dans les conseils municipaux, les agglos et au sénat avec l’aide des socialistes et des écolos, ces euro-bellicistes et jusqu’au-boutistes pires encore, à bien des égards, que l’euro-belliciste Macron !

C’est pourquoi les camarades marxistes-léninistes et traditionnellement enclins à l’œcuménisme qui approuvent de telles déclarations lancées à peu de frais, alors qu’elles ne sont que des contre-feux à la reconstruction indispensable d’un vrai parti communiste, d’un parti communiste enfin délesté des sédiments euro-réformistes accumulés depuis 44 ans*, et qui applaudissent les apparatchiks locaux parlant à gauche mais agissant à droite (car collés à la glu à la social-démocratie et aux Verts), ne font pas avancer le chantier urgent de la renaissance du vrai parti communiste français dont a besoin notre classe ouvrière alors que le compte à rebours de la troisième guerre mondiale derrière Washington, de l’euro-fascisation, du « saut fédéral européen » derrière Berlin, et de l’éradication finale des conquêtes de 1945, est lancé.

Au congrès de Tours de 1920 (fondation du PCF par affiliation à l’Internationale communiste), l’Internationale communiste n’a pas toléré, et elle a eu bien raison, que l’aile gauche communiste se laissât amuser par les prétendus « centristes » de Longuet dont le rôle était d’empêcher la séparation tranchée entre réformistes (dirigés par Blum) et communistes (dirigés par Cachin et conseillés par Clara Zetkin). L’Internationale communiste a appelé à faire la clarté sur cette engeance politique que, dans le Pas-de-Calais ouvrier, on appelle les « grands diseux, ‘tiots faiseux » et dont toute la fonction est d’empêcher la classe laborieuse de se doter d’un parti à elle, 100% indépendant de la bourgeoisie, de l’impérialisme et de la social-démocratie. 

Alors, oui à l’unité d’ACTION avec les militants, y compris du PCF et des JC, qui veulent affronter clairement, sans faux-fuyants ni contournements de couleuvres, l’UE, l’OTAN et Macron-MEDEF pour la paix, les retraites, les salaires et, in fine, pour le socialisme. Mais non aux illusions paralysantes sur des déclarations qui n’ont d’autre but que de rabattre vers le PCF-PGE et que de lui sauver la mise au moment où ce parti dénaturé, où la principale opposition est d’ailleurs de droite, derrière Buffet, Focillon, Laurent et Cie, et parachève son autodestruction euro-atlantiste en RETARDANT le travail des militants de toutes obédiences qui veulent vraiment, non pas cultiver les bonnes relations avec les appareils faillis, mais RECONSTRUIRE UN PARTI COMMUNISTE DE COMBAT. Sans cela on aidera hélas les sempiternels « replâtreurs » à sempiternellement occuper le terrain des vrais reconstructeurs.

*C’est en effet en 1976 que le PCF dérivant vers l’eurocommunisme s’est délesté de la référence à la dictature du prolétariat, et c’est en 1979, au XXIIIème Congrès, que les deux fondamentaux par excellence du communisme marxiste que sont le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien ont été retirés des statuts: bref, le révisionnisme dans le PCF n’est pas un « perdreau de l’année » remontant au « congrès de Martigues (2000), comme aiment à le raconter certains « léninistes » tardifs qui excusent ainsi leur double décennie de dérive…