NOCIBE : BIENTOT UN AN DE LUTTE !

Depuis février 2021, les salariés de Nocibé (groupe français de produits cosmétiques, racheté en 2014 par le groupe allemand Douglas), se battent contre un plan de licenciement qui frappe 112 d’entre eux (sur 5 000 en France), et a été approuvé par la CFTC, syndicat majoritaire.  Nous avons donc rencontré Sonia, déléguée CGT de l’entreprise…

IC : Le plan dit de « sauvegarde de l’emploi » de Nocibé  fait perdre leur emploi à 112 salariés. D’autres sont transférés dans une autre entreprise.  Quel est le problème pour ceux-là ?

Sonia : Le 1er octobre, 41 parfumeries sur 500 ont été rachetées par le groupe Bogart, et appartiennent maintenant à sa filiale April. Les 230 salariés de Nocibé transférés chez April, qui étaient déjà sous-payés, ont en plus perdu les avantages qu’ils avaient obtenus dans leur précédente entreprise : prime et congé d’ancienneté, 13ème mois, intéressement aux résultats, caisse de prévoyance, RTT pour grossesse, autorisations d’absence pour raisons familiales, prime « de blouse » (les salariées doivent se mettre une tenue spéciale avant de prendre leur service en magasin, et Nocibé payait 6€ par mois en contrepartie),  RTT pour les contremaîtres et certains cadres, tickets restaurants revus à la baisse, chèques cadeaux pour les bonnes vendeuses…

Au passage, la direction de Nocibé se débarrasse des élus syndicaux gênants : comme par hasard, tous ceux de la CGT appartenaient à cinq des 41 magasins transférés chez April (sauf une militante, qui n’est pas élue au CSE) !

I.C. : La direction a profité de l’explosion des ventes par correspondance pendant le confinement du printemps dernier pour fermer des magasins et réduire ses dépenses. Comment a-t-elle procédé ?

Sonia : Elle a poussé les salariées à vendre en ligne via l’appli, pour leur faire scier la branche sur laquelle elles étaient assises. Nous les avons prévenues qu’il ne fallait pas. Elles ont cru qu’on exagérait…

I.C. : L’inspection du travail a approuvé ce plan. Comment l’expliques-tu ?

Sonia : Sincèrement, je ne l’explique pas. Au bout de deux mois, elle a refusé l’opération, et dix jours plus tard, elle l’a acceptée ! Nous avons été reçus par l’Inspection du travail du Nord (le siège social de Nocibé se trouve à Villeneuve d’Ascq). Le directeur lui-même était surpris, et nous a informés des recours possibles, sans plus. Nocibé est d’ailleurs en train de se « diversifier » pour vendre n’importe quoi, des sèche-cheveux aux jouets sexuels…

I. C. : Et maintenant, la lutte continue ?

Sonia : Oui ! J’ai alerté Philippe Martinez. La confédération a envoyé une lettre à la ministre du travail, et nous avons contacté des avocats pour faire des recours juridiques. Nous prévoyons aussi des blocages de magasins. Notre but n’a pas changé : réintégrer l’entreprise !